Peintures


 

 

De l'iconographie traditionnelle à l'art sacré abstrait

De par sa nature, l'art sacré tend vers l'abstraction puisque sa vocation est de représenter l'Invisible et l'Indicible, et l'art sacré chrétien peut s'inscrire, lui aussi, dans cette perspective dès lors que le Christ s'est présenté à ses disciples également en termes purement abstraits, en leur disante " Je suis la Lumière, la Voie et la Vérité. L'idiome abstrait s'éloigne alors de la simple narration d'un thème ou de la figuration d'un personnage ou d'une scène des Écritures et s'apparente davantage à un dialogue intime de l'artiste avec le Divin qui cherche à exprimer par des formes et des couleurs une Présence, une Transcendance. Il procède également à une ré-interprétation originale de l'art sacré traditionnel avec une vision contemporaine qui l'oblige à regarder au-delà des paradoxes de la vie terrestre pour tenter d'entrer au cœur du Mystère Divin. D'ailleurs, nombre d'artistes contemporains ont repris l'expression religieuse traditionnelle dans leurs œuvres en la transformant en abstraction pure. Parmi eux, il suffit de penser à Matisse, à Picasso ou à Kandinsky qui ont opéré une intégration sublime du mystique, du divin et du sacré dans leurs œuvres, rendant à l'art sacré sa véritable mission universelle et intempoirelle.

Le diptyque présenté au Salon d'Automne des Artistes triestins en en est un exemple limpide. Composé d'une icône traditionnelle du Christ en Gloire entouré des symboles des quatre évangélistes et d'une création abstraite articulée sur quatre panneaux dont les couleurs symbolisent, à leur tour, ces évangélistes, ce diptyque rappelle que la représentation de l'Invisible, qui a pris naissance en Orient et a culminé dans l'art de l'icône byzantine et russe, a été et continue d'être une puissante source d'inspiration pour l'art abstrait profane et sacré.

L'icône du Christ en gloire s'inspire d'une image d'origine byzantine, antérieure à la période de l'iconoclasme, fondée sur les visions d'Isaïe, d'Ezéchiel et de l'Apocalypse de Saint Jean. Le Christ est représenté sur un trône ou sur un arc-en-ciel, entouré d'une mandorle, souvent inscrite dans un losange rouge. La mandorle d'un bleu profond, de forme circulaire ou ovale entourant le Christ, évoque les cieux. Le carré représente le monde terrestre et l'humanité avec, aux quatre extrémités, l'antique figure du Tétramorphe, évoquée grâce aux symboles attribués aux quatre évangélistes. Le lion, pour Marc, évoque le pouvoir de pénétration de la Lumière et du Verbe; l'aigle céleste et solaire, pour Jean, est symbole de contemplation; le taureau, pour Luc, représente le pouvoir créateur et l'homme-ange, pour Matthieu, évoque la double nature humaine, faite de chair et d'esprit. Ensemble, ils reflètent les différents aspects du mystère du Fils de Dieu.

L'icône abstraite, composée de quatre panneaux travaillés à la détrempe avec le symbolisme spirituel des couleurs, constitue une géométrie chromatique qui renvoie à l'absolu à travers un ensemble subtil de symboles porteurs d'un message d'universalité. Chacun des quatre panneaux symbolise un évangéliste, reconnaissable à la couleur qui correspond à la nature de son message christique: rouge pour Marc, bleu pour Luc, vert pour Matthieu et jaune pour Jean. Ensemble, ils forment un "tétramorphe abstrait", représentant la synthèse des qualités mystiques du Christ qui est représenté au centre des quatre panneaux par une mandorle bleue ouverte.  Cette évocation du divin, traduite en formes et en couleurs, affirme la pérennité du message du Christ et la contemplation de ces couleurs s'apparente à un chant de jubilation divine.

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