Pour Caroline Rosso Cicogna, l'Art est la Vie et la Vie est un Art. À 75 ans, elle peut se permettre de regarder sa vie comme en surplomb, une vie cosmopolite riche en évènements, en voyages, en rencontres, en émotions et en amitiés, toujours marquée par le signe de la frontière. Une frontière qu'elle cherchera toujours à transformer en charnière dans un élan qui l'inspire à pousser toujours plus loin ses limites et à préserver précieusement sa quête d'universalité.
Née en 1947 dans une région frontalière de la Belgique, de père américain et de mère belge, elle vit depuis sa plus tendre enfance dans un contexte international et multilingue.
Diplômée de l'Université de Louvain en 1969, elle débute dans sa carrière d'interprète de conférence à Londres et elle la poursuit quelques années plus tard à Vienne, en Autriche, comme fonctionnaire permanente à l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique. Ce sera pour elle l'époque de missions fabuleuses dans le monde entier, au service de cette institution prestigieuse qui traite exclusivement des usages pacifiques de l'énergie atomique, des questions de sécurité et de sûreté nucléaire.
Après son mariage en 1978 avec un diplomate italien de Trieste, originaire d'une région frontalière de l'Italie, elle exerce sa profession pendant plus de trente ans comme interprète free-lance auprès des Nations Unies et d'autres Organisations Internationales.
À Bruxelles, Londres, et Vienne succède la Nouvelle Delhi où son mari est en poste pendant cinq ans et demi, de 1979 à 1985, à l'Ambassade d'Italie. Son expérience internationale, déjà ouverte au dialogue interculturel, interethnique et interconfessionnel, acquiert une nouvelle dimension plus universelle lors de séjours exceptionnels dans des hauts lieux de la spiritualité hindoue où elle approfondit son expérience de cette philosophie de vie millénaire auprès d'authentiques maîtres de Yoga.
À son retour en Italie, en plus des obligations diplomatiques aux côtés de son mari, elle mène de front sa vie d'interprète de conférence et son parcours de Yoga, avec des moments plus ou moins intenses et toujours des voyages en Europe et en Orient.
À la fin des Années 1980, elle fonde avec Yogacharya Janakiraman, l'International Yoga Aditya Association à Trieste où son mari contribue à la création de deux organisations internationales des Nations Unies au service de la Science et de la Technologie, l'ICGEB (International Centre for Genetic Engineering et Biotechnology) et l'ICS ( International Centre for Science).
Auteure de divers articles et essais, elle écrit THE SOLAR WAY, a reading of the Bhagavad Gita et co-écrit SOLAR YOGA-un guide pratique illustré, avec Janakiraman. Cet ouvrage, publié en huit éditions (toutes épuisées) et en cinq langues, connaît un succès international dans les Années 90.
En 2003, après trente ans de carrière, elle décide de mettre fin à ce style de vie toujours en mouvement pour privilégier le pèlerinage intérieur, déjà intensément vécu en Inde, mais en lui donnant aussi une expression artistique. Loin des capitales, elle mène jusqu'à aujourd'hui une vie consacrée à l'art et à la spiritualité, à Nice et à Trieste, deux villes-frontière à forte empreinte cosmopolite.
Elle choisit la voie du travail en atelier auprès d'artistes affirmés, en France et en Italie, ou lors de retraites en monastère pour l'apprentissage de l'art de l'icône et de l'enluminure. Très vite, elle décide de privilégier la peinture d'inspiration sacrée et grâce à une formation rigoureuse auprès de maîtres s'inscrivant dans la plus authentique tradition de ces arts, elle réalise une large gamme d'oeuvres qui évoquent les grands thèmes de la tradition chrétienne, acquérant ainsi une maturité artistique qui lui permet d'exprimer sa recherche spirituelle à travers cet art sacré.
En 2015, après avoir participé à des expositions collectives en France et en Italie, elle tient sa première exposition personnelle à Trieste et publie "SPIRALES de VIE", une anthologie illustrée trilingue de ses oeuvres (français-italien-anglais) où elle rend hommage à ses maîtres.
En évoquant son choix, Caroline Rosso Cicogna décrit cet acte de peindre selon des canons très anciens comme une véritable méditation en mouvement qui traduit par les formes et les couleurs un ressenti que les mots n'arrivent pas à exprimer. Pour elle, cette liberté guidée par la tradition et la prière constitue un retour à l'essentiel qui suscite une joie spontanée dans le silence du cœur. Elle précise de surcroit que c'est la dimension mystique de l'icône et son caractère universel qui retiennent son attention et la fascinent.
Un tournant important s'opère cependant en 2018 lorsque l'artiste, qui a déjà "écrit" une centaine d'icônes et peint plus d'une cinquantaine d'enluminures, ressent la nécessité d'exprimer son ressenti dans un idiome plus abstrait avec un travail d'exploration des techniques mixtes. Selon l'adage indien "Quand l'élève est prêt, le Maitre paraît", elle rencontre un artiste passé maître de cet art sacré abstrait qui l'accepte dans son atelier en Toscane. Depuis cette date, alliant la tradition à l'abstraction et utilisant les matières nobles comme l'or et les pigments véritables ou des matériaux plus pauvres comme l'acrylique et le polystyrène, Caroline Rosso Cicogna est parvenue à créer un style éminemment personnel et original où l'Ancien et le Contemporain se font écho dans un jaillissement de Lumière. C'est ce que le public a pu contempler en janvier 2022, lors de son exposition personnelle "SENSO" à la Galerie des Dominicains, face à l'Opéra en plein cœur de Nice.
L'année précédente, elle publie un livre qui retrace l'histoire du Château de l'Anglais, un édifice emblématique du patrimoine niçois où elle vit avec son mari une partie de l'année. Cet ouvrage est le fruit de cinq années de recherches aux Archives municipales et départementales de Nice, aux Archives de Turin ainsi qu'auprès d'institutions similaires à Londres, à Penang et à la Nouvelle Delhi. Cette année 2021 est aussi celle où la Ville de Nice est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco comme Ville de la villégiature d'hiver de Riviera : une synchronicité réussie pour la parution en septembre de son livre " Le Château de l'Anglais - histoire, légendes et mystère" aux éditions Baie des Anges.